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«Non» à plus de 60% aux Pays-Bas, selon les premières estimations
Trois jours après les Français, les Néerlandais ont nettement rejeté la Constitution européenne lors de leur référendum aujourd'hui, le non obtenant 63% voix selon les estimations de l'institut de sondage Interview/NSS. La participation a atteint 62%, soit plus que le seuil de 30% au delà duquel la majorité du parlement a dit vouloir prendre en compte le résultat de ce référendum consultatif, selon Interview/NSS. Cet institut était le seul à réaliser des sondages sortie des urnes, pour l'agence de presse ANP et la radio-télévision publique NOS.
Avec AFP.
Cette participation serait de 10 points supérieure à celle des élections européennes de juin 2004 à la même heure.
Quelque 11,6 millions de Néerlandais étaient appelés aux urnes. Les bureaux de vote ont ouvert à 7h30 et fermeront à 21h00. Les premières estimations de résultat devraient être connues presque immédiatement. En France, le non a gagné avec 54,87% des suffrages.
«J'ai voté non car je n'ai pas confiance dans le gouvernement», déclare un retraité de 65 ans dans un bureau de vote du centre d'Amsterdam. Il se dit aussi mécontent de l'élargissement de l'UE à 25 pays, refusant notamment «les Polonais, à 98% très catholiques et superstitieux».
Gérante d'un «coffee shop» à Amsterdam, débit légal de vente de marijuana et de haschich, Patricia Nederveld, ira voter non «parce que tout est devenu plus cher» avec l'euro.
Le référendum, le premier à l'échelle nationale en quelque 200 ans d'histoire moderne du royaume, est consultatif. Mais la plupart des partis politiques ont indiqué qu'ils respecteraient le résultat si la participation excédait les 30%. Les sondages prévoient entre 45% et 50% de participation.
«Les citoyens sont devant un choix historique», titre le quotidien chrétien centriste Trouw. C'est «l'heure de vérité», pour le journal centriste Algemeen Dagblad.
Le premier ministre néerlandais Jan Peter Balkenende a lancé mardi soir un ultime appel à ses compatriotes pour qu'ils votent «oui pour faire progresser l'économie».
«L'avenir des Pays-Bas est en Europe», a répété à la télévision M. Balkenende, disant «comprendre» les craintes d'une partie de ses compatriotes sur la perte d'influence des Pays-Bas au sein d'une Union à 25 pays, mais ne pas la partager.
Dimanche soir, après le non français, M. Balkenende avait déclaré que «les Néerlandais ne doivent pas prendre de leçon des Français, ils doivent faire leur propre choix».
Mais l'impopulaire gouvernement Balkenende (19% de satisfaits), ainsi que les «technocrates de Bruxelles» sont des épouvantails brandis par les partisans du non.
Un non ne fera toutefois pas tomber le gouvernement de La Haye, à la différence de ce qui s'est passé à Paris mardi. En effet, quelque 80% des élus soutiennent le oui, et c'est le parlement, contre l'avis du gouvernement, qui est à l'origine du référendum.
La campagne n'a démarré qu'il y a environ trois semaines, lorsque les sondages ont révélé un fort rejet du texte. Mais à la néerlandaise, discrètement.
Selon les sondages, les Néerlandais redoutent une dissolution de leur petit pays dans l'Europe élargie, et une intervention de Bruxelles sur des dossiers comme la politique libérale en matière de drogues douces, le mariage ouvert aux homosexuels ou l'euthanasie autorisée sous condition.
Ils voient une preuve de la malhonnêteté des politiques dans l'aveu de l'ancien directeur de la Banque centrale néerlandaise selon lequel le florin avait été sous évalué par rapport au deutschemark lors du passage à l'euro. Cela confirme l'opinion des consommateurs sur la hausse des prix. En outre, les Néerlandais sont les plus gros contributeurs nets au budget de l'UE.
Parmi les autres raisons du non figurent la crainte de l'étranger et une possible adhésion de la Turquie.
Le camp hétéroclite du non rassemble les protestants les plus rigoristes, les populistes, le Parti socialiste, petite formation très à gauche, et le député d'extrême droite Geert Wilders, soit 22 des 150 sièges du parlement.
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